Perpignan. Anthony est le meilleur écailler de France : “C'est du travail et de l'acharnement”

Lundi 5 février 2024, Anthony Van Vegchel a remporté la finale du championnat de France des écaillers. Une belle récompense pour ce passionné qui travaille à Perpignan. Rencontre.

La quête du titre : un parcours en trois actes

La conquête d'un titre aussi prestigieux que celui de meilleur écailler de France n'est pas une mince affaire. Pour Anthony Van Vegchel, cette quête s'est matérialisée par trois épreuves distinctes, chacune mettant à l'épreuve son savoir-faire, sa rapidité et sa créativité. Le lundi 5 février, au sein de l'enceinte du Café Français à Paris, Anthony s'est mesuré à une vingtaine de concurrents, tous venus des quatre coins de la France, chacun portant les espoirs et les traditions de leur région ostréicole respective.

La première épreuve a consisté en une démonstration de technique pure, où chaque geste compte et où la précision est reine. Les candidats ont dû ouvrir un assortiment d'huîtres sous le regard attentif d'un jury d'experts, qui évaluait non seulement la rapidité d'exécution mais aussi le respect du produit et la propreté du travail. C'est un exercice qui demande non seulement une main sûre mais aussi une connaissance intime de l'huître, de sa forme à sa texture, afin de la présenter dans toute sa splendeur.

Quand l'amour du métier transcende le goût

Le second test a pris tous les candidats par surprise. “On nous l'a expliqué le jour même”, raconte Anthony. Il s'agissait d'ouvrir 12 huîtres de l'île d'Oléron, réputées pour leur chair généreuse, et de les préparer de manière à en sublimer le goût. Ces créations ont ensuite été soumises à l'appréciation gustative du chef étoilé Gérard Sallé. Ce qui est remarquable, c'est qu'Anthony, malgré son aversion pour le goût des huîtres, a su faire abstraction de ses préférences personnelles pour se concentrer sur l'art de la présentation et la recherche de l'harmonie des saveurs, prouvant ainsi que la passion pour son métier peut surpasser les goûts individuels.

Cette épreuve était un véritable défi pour Anthony, qui a dû faire preuve d'une grande maîtrise et d'une créativité sans faille pour convaincre le jury. C'est une belle leçon de professionnalisme et de dévouement, montrant que l'excellence dans l'art de l'écaillage ne se limite pas à la technique, mais englobe également une compréhension profonde des produits de la mer et de leur potentiel gustatif.

La persévérance, clé du succès

Anthony n'a pas toujours été sur la plus haute marche du podium. Lors de son premier concours, il a terminé à une modeste septième place, un résultat qui aurait pu ébranler la confiance de bien des compétiteurs. Mais loin de se laisser abattre, ce revers a servi de catalyseur à son acharnement. “Ça met un coup à l'égo”, confie-t-il, mais c'est aussi ce qui l'a poussé à redoubler d'efforts, à affiner sa technique et à aiguiser son sens du détail.

Le chemin vers l'excellence est souvent pavé d'obstacles et de déceptions, mais c'est la capacité à les surmonter qui distingue les véritables artisans de leur art. La victoire d'Anthony est le fruit d'un travail acharné et d'une passion indéfectible pour son métier. Son patron, Adrien Boniface, n'est pas en reste, ayant lui-même décroché une belle cinquième place, témoignant de l'excellence de leur établissement.

Des horizons internationaux en ligne de mire

Après avoir conquis le titre national, Anthony ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La prochaine étape pour notre champion est le championnat du monde, qui se tiendra en novembre prochain. Cette compétition internationale coïncidera avec le lancement du Vendée Globe, la célèbre course de voiliers en solitaire et sans escale, un événement qui, à l'image de la quête d'Anthony, symbolise l'endurance, la persévérance et la maîtrise de son art.

Se mesurer à l'élite mondiale des écaillers est une opportunité unique pour Anthony de faire rayonner son savoir-faire bien au-delà des frontières françaises. C'est aussi l'occasion de se confronter à de nouvelles techniques, de découvrir des traditions ostréicoles différentes et de continuer à apprendre et à évoluer dans un métier où la passion et l'excellence sont les clés de la réussite.

En somme, l'histoire d'Anthony Van Vegchel est celle d'un artisan passionné, dont le parcours est jalonné de défis relevés et de victoires méritées. Son titre de meilleur écailler de France n'est pas seulement une reconnaissance de son talent, mais aussi un hommage à son acharnement et à son amour pour un métier qui, bien que souvent méconnu, est essentiel à la culture gastronomique française. Alors que nous attendons avec impatience de le voir briller sur la scène mondiale, nous pouvons déjà être fiers de l'excellence qu'il représente.